Monsieur Candaule trouvait sa femme si belle qu'il aimait à l'exhiber, au même titre que sa voiture de sport ou, pour quelques invités privilégiés, sa luxueuse demeure.
En soirée mondaine, il demandait à sa pudique épouse de porter des tenues flattant ses courbes généreuses; des tenues qu'il choisissait lui-même pour qu'elles aguichent les autres hommes. Il se délectait ensuite du regard des autres et s’enorgueillissait qu'elle fût sienne.
Son épouse Nyssia concédait à la lubricité de son mari mais n'y prenait pas de plaisir, au contraire ! Plutôt timide et mariée à 18 ans à peine, vierge comme de bien entendu, elle n'avait connu que lui et subissait ses caprices pervers. Elle était gênée par les regards insistants qui, à l'inverse, ravissaient son mari. Elle se paraît d'un masque protecteur de froideur pour ne surtout pas répondre aux appels gourmands des prétendants. A contrario, ceux-ci ne songeaient qu'à dérober, ne fut-ce que pour un moment, le précieux trophée qu'exhibait Monsieur Candaule.
Un jour, Candaule voulut franchir un pas supplémentaire. Dans l'entreprise qu'il dirigeait, et qui lui avait permis d'assurer un train de vie plus que confortable, il avait remarqué un brillant cadre dont il voulait faire son bras droit. Mais pour mieux asseoir sa domination, une idée lubrique avait germé dans son esprit.
Sans en souffler un mot à son épouse, Candaule invita son collaborateur à un diner chez eux; officiellement pour acter sa promotion au poste de vice-président.
En maîtresse de maison dévouée, Nyssia s'occupa de la réception avec l'aide de quelques domestiques tandis que son mari Candaule et son invité, un certain Gygès, parlaient affaire. Lors de l'accueil, le patron ne manqua pas de montrer à son subalterne le luxe ostentatoire de sa maison. Puis, l'un et l'autre conversèrent sans que Nyssia ne puisse réellement prendre part aux débats.
Néanmoins, à chaque apparition de son épouse, pour servir telle boisson ou tel met, Candaule marquait une pause et observait discrètement Gygès. Ce dernier semblait hypnotisé par la plastique affriolante de Nyssia pour le plus grand ravissement de son patron. La soirée continua fort tard à tel point que Candaule proposa à leur invité d'utiliser la chambre d'amis ... avec un regard complice qui aurait dû mettre la puce à l'oreille de madame.
Après avoir pris congé de leur invité, Candaule et Nyssia s'éclipsèrent dans leur chambre. Ce soir-là, Candaule insista pour qu'une lumière tamisée auréole l'effeuillage de madame. Il insista même pour qu'elle prenne son temps, debout, tandis que lui l'observait sur le lit conjugal. Lorsqu'elle le rejoignit dans le lit, il était terriblement excité et la pénétra à peine lors d'un très bref coït. C'est au moment où elle se retourna pour prendre sommeil qu'elle aperçut une furtive silhouette dans l'embrasure d'une porte. Un voyeur s'était délecté de la scène. Elle compris instantanément que la présence de ce voyeur avait été préméditée par son mari. Il venait d'offrir sa femme au regard de Gygès, sans son consentement.
De cette nuit humiliante, Nyssia garda un souvenir cuisant. Mais elle n'avait pas dit son dernier mot.
Dans les semaines qui suivirent, accompagnée par son mari, elle se rendit quelques fois au siège social de l'entreprise et eut enfin l'opportunité de converser directement avec ce fameux Gygès. Nyssia était très gênée au départ, réprimant de la colère, mais c'est Gygès qui l'aborda systématiquement, l'oeil pétillant et le verbe amical. A sa grande surprise, il s'avéra charmant, cultivé et très aimable. A tout dire, il était élégant et même bien fait de sa personne. Madame Nyssia venait de trouver sa vengeance.
Lorsque le bilan comptable de l'entreprise tomba, les chiffres étaient excellents. Une bonne partie de ce succès étant l’œuvre de Gygès, Candaule décida de l'inviter à nouveau à diner. Les cadres d'élite de l'entreprise étaient présents avec Gygès en invité d'honneur. Une fois encore, la soirée se prolongea fort tard. Après le départ de tous les autres convives, Gygès fut prié par Candaule de passer la nuit au domicile. Comme quelques mois auparavant, Gygès se dirigea vers la chambre d'amis et les époux se rendirent dans leur chambre. Mais cette fois, Nyssia prit l'initiative. Elle diffusa de la musique jazz, alluma l'incontournable lumière tamisée et après un effeuillage incroyablement aguicheur, elle demanda à son mari de lui attacher les mains à la tête du lit (tournant ainsi le dos à la porte dérobée par laquelle Gygès les avait observés la dernière fois) et de lui bander les yeux ... Candaule était aux anges ! Dissimulé derrière un ample rideau, Gygès était quant à lui au bord de l'explosion.
Nyssia était désormais nue sur le lit conjugal, attachée et aveuglée, offerte à quatre pattes. Candaule fit silencieusement signe à Gygès de s'approcher, tout en la caressant d'une main. Mais au lieu de la pénétrer lui-même, il ordonna d'un regard à son subalterne d'exécuter le coït. Gygès n'attendait que ça; depuis des mois d'ailleurs. Il monta sur le lit, saisit fermement les hanches de l'épouse en pensant, comme Candaule, qu'elle ne se doutait de rien; et s'enfonça en elle jusqu'à la garde. Nyssia sentit le pénis chaud et dur glisser au plus profond d'elle, emplissant tout son ventre comme rarement son mari avait pu le faire. Puis Gygès commença ses va-et-vient. Le plaisir s'empara de Nyssia qui ne put se retenir de gémir, crier puis en redemander "Encore ! Encore !". Son mari aurait joui depuis longtemps mais Gygès (elle sentait bien que c'était un autre) continuait encore et encore, pour son plus grand bonheur. Il la chevauchait, tel un étalon indomptable. Nyssia hurla de plaisir lorsque le pilonnage atteint son paroxysme et s'effondra sur le lit moelleux.
Sans dire le moindre mot, haletant, Gygès s'éclipsa sur la pointe des pieds et Candaule reprit sa place auprès de son épouse comblée.
Ce spectacle avait été au-delà de ses rêves les plus fous. Nyssia l'avait très agréablement surpris ... et ce plaisir avait été totalement réciproque. Avant de s'assoupir, détachée et débarrassée de son bandeau de soie. Nyssia susurra à l'oreille de son mari habituellement trop absorbé et fatigué par son travail :
"Tu t'es surpassé ce soir. Il faudra recommencer dès que possible."
Référence historique/mythologique :
Le roi Candaule trouvait sa femme plus belle que toutes les autres. Sans cesse, il vantait à Gygès, officier de sa garde du corps, les charmes de son épouse et un jour, il l'invita à se convaincre, de visu,
de la beauté de celle-ci. Gygès refusa l'offre sacrilège mais le roi
insista. Dissimulé derrière la porte de la chambre nuptiale, Gygès
assista au coucher de la reine. Mais, au moment où il s'esquivait, la
souveraine l'aperçut. Feignant de n'avoir rien remarqué et persuadée que
son mari avait voulu l'humilier, elle jura de se venger. Le lendemain
matin, elle convoqua Gygès et lui offrit l'alternative d'être exécuté ou
de tuer Candaule, de s'emparer du trône et de l'épouser. Gygès refusa
d'abord l'offre de la reine, puis, devant son insistance, il se résolut à
tuer Candaule. La reine le cacha à l'endroit où il s'était dissimulé la
veille ; Candaule mourut, poignardé par Gygès durant son sommeil. Quand
il fut installé sur le trône, Gygès se heurta à des adversaires.
Ceux-ci acceptèrent de soumettre le cas à l'oracle de Delphes. L'oracle confirma Gygès dans sa royauté.
Inspirations iconographiques :
Candaule (en grec ancien Κανδαύλης / Kandaúlês), aussi connu sous le nom de Sadyatte (Σαδυατης / Saduatês) ou encore Myrsile (Μυρσίλος / Mursílos), est un roi semi-légendaire de Lydie, ayant régné vers le VIIIe siècle av. J.-C. Il est le dernier souverain de la dynastie des Héraclides qui prétendaient descendre d'Héraclès. Il est assassiné par Gygès qui lui succède et fonde la dynastie des Mermnades.
RépondreSupprimerSa légende a donné naissance au terme de candaulisme, pratique sexuelle dans laquelle l'homme ressent une excitation en exposant ou partageant sa compagne à d'autres hommes.
Le nom de la femme de Candaule n'est pas donné par les auteurs précédents. Ptolémée Chennos la nomme Nyssia, nom que Théophile Gautier utilisera dans son conte et qui sera repris par les écrivains suivants. Si Nyssia est le nom habituellement attaché au mythe aujourd'hui, Larcher en cite cependant d'autres : « Quelques-uns disent qu'elle s'appelait Tudous, quelques autres Clytia, et Abas la nomme Abro. »
RépondreSupprimerLe même Larcher raconte pourquoi Hérodote ne donne pas son nom : « Ils racontent qu'Hérodote cacha son nom, parce que Plésirrhoüs, qu'il aimait, était amoureux d'une personne d'Halicarnasse de ce nom. Ce jeune homme, désespéré de n'avoir pu toucher sa maîtresse, se pendit. Hérodote regarda le nom de Nyssia comme un nom odieux, et s'abstint par cette raison de le prononcer.
Gygès (en grec ancien Γύγης / Gúgês), fils de Mermnas, fut roi de Lydie à une époque imprécisément connue : son avènement se situe entre 708 et -687, sa mort entre -680 et -648.
RépondreSupprimerSon règne marqua l'apogée du royaume de Lydie: il tint en respect les Cimmériens et les Assyriens, étendit son empire aux dépens des villes grecques des côtes de l'Asie Mineure, attaqua Milet et Smyrne, s'empara de Colophon, et exerça son pouvoir sur la Troade. Il mourut dans une bataille contre les Cimmériens. C’était Gygès, roi de Lydie, qui avait consacré les premières offrandes d'or et d'argent. Le philosophe péripatéticien Phanias d'Érèse dit qu'avant son règne, Apollon Pythien n'avait ni or, ni argent.
RépondreSupprimerIl était appelé Gugu par les Assyriens, et serait à l'origine des traditions bibliques sur Gog, prince de Magog (en assyrien mā(t) Gugu : « pays de Gygès »). Les conditions dans lesquelles Gygès est parvenu au pouvoir diffèrent en fonction des sources.
Selon Hérodote, le tyran Candaule, descendant d'Héraclès, ne cessait de vanter la beauté de sa femme à son confident Gygès, qui était le fils d'un de ses gardes. Pensant que Gygès doutait des charmes de la reine, Candaule lui ordonne de faire tout son possible pour la voir nue. Gygès, qui s'estime indigne de cette proposition, refuse. Le roi parvient à le rassurer et Gygès accepte finalement de se cacher dans la chambre royale au moment où la reine se déshabille, mais celle-ci s'en aperçoit. Elle décide alors de ne rien laisser paraître et prépare sa vengeance contre le roi qu'elle tient pour l'auteur de cet outrage. Le lendemain, elle convoque Gygès et lui propose un marché : soit il assassine Candaule pour obtenir sa main et le trône de Lydie, soit il est exécuté. Gygès choisit alors de poignarder le roi et s'empare du trône de Sardes.
Dans la version rapportée par Platon, Gygès était un simple berger de Lydie. Il faisait paître son troupeau quand un affaissement de terrain se forma après un violent orage. Il s'y aventura et découvrit un énorme cheval d'airain dans les flancs duquel étaient pratiquées des portes. Après avoir ouvert ces portes, Gygès aperçut à l'intérieur du cheval le squelette d'un géant portant au doigt une Bague d'or, nommée depuis anneau de Gygès. Il prit cet anneau, se le passa au doigt, et, sans dire un mot de son aventure, il alla rejoindre les autres bergers du voisinage. Il remarqua alors que, chaque fois qu'il tournait sa Bague vers l'intérieur, il devenait invisible pour tous, tout en gardant la faculté de voir et d'entendre ce qui se passait autour de lui. Dès qu'il retournait la bague dans l'autre sens, il redevenait visible. Après avoir confirmé les pouvoirs de son anneau par plusieurs expériences, il se rendit au palais et séduisit la reine. Il complota avec elle la mort du roi, le tua et s'empara du trône.
La légende voudrait que ce soit sous son règne ou celui de Alyatte II qui régna sur la Lydie entre -610 et -560 av. J.-C., que la Lydie changea le système du troc par celui de la monnaie métallique, en l'occurrence d'électrum extrait du fleuve Pactole, comme l'attestent les plus anciennes pièces retrouvées à ce jour.